L’eau constitue l’un des besoins essentiels en randonnée, encore plus lorsqu’on part plusieurs jours en autonomie. Pourtant, les sources d’eau que l’on croise ne garantissent pas toujours une qualité suffisante pour la consommation. Apprendre à filtrer et purifier l’eau tout en respectant l’environnement permet d’éviter les maladies et de limiter l’impact écologique de ses choix d’équipement.
L’essentiel à retenir :
- Filtrer son eau est indispensable même lorsqu’elle semble claire et propre
- Avant de la traiter, veillez à clarifier l’eau pour éliminer les grosses particules visibles
- Faire bouillir son eau reste la méthode simple et fiable par excellence, mais d’autres solutions existent selon les besoins
Pourquoi traiter l’eau lors d’un trek ?
Randonner implique souvent de puiser son eau dans la nature : torrents, lacs, ruisseaux, sources… Ces eaux paraissent propres à première vue, mais elles peuvent contenir des contaminants invisibles à l’œil nu. Boire une eau non traitée expose à plusieurs risques.
Les agents pathogènes les plus fréquents sont les bactéries (comme Escherichia coli), les virus (hépatite A, norovirus) et les protozoaires (giardia, cryptosporidium). Ces micro-organismes provoquent des troubles digestifs, des vomissements, des diarrhées, voire des maladies graves.
Même en altitude, une eau claire peut provenir de zones de pâturage ou de campements humains. Un simple animal mort dans le lit d’un ruisseau suffit à contaminer une source pendant plusieurs jours. Pour éviter de transformer une belle aventure en galère sanitaire, mieux vaut donc filtrer et traiter l’eau systématiquement avant de la boire.
Comment clarifier l’eau sale naturellement ?
Avant toute purification, il faut commencer par clarifier l’eau, surtout si elle contient des particules visibles : sable, boue, débris végétaux. Cette étape facilite ensuite l’efficacité du traitement.
Où récolter son eau ?
Cherchez un point d’eau en amont d’un pâturage ou d’un sentier. Privilégiez les sources, les torrents à courant rapide et les résurgences. Évitez les étangs stagnants, les zones de marécage ou les endroits où du bétail s’abreuve. Remplissez votre gourde loin des berges où les dépôts sont souvent plus concentrés.
Clarifier l’eau par sédimentation
Versez l’eau récoltée dans une bouteille ou une bassine. Laissez-la reposer entre 30 minutes et 2 heures pour que les particules en suspension retombent au fond. Cette technique simple permet de séparer les sédiments les plus lourds. Récupérez ensuite délicatement la partie supérieure de l’eau pour la suite du traitement.
Filtration manuelle
Pour éliminer les dernières impuretés, filtre l’eau clarifiée à travers un filtre à café, un morceau de tissu propre ou un foulard. Placez le tissu sur l’ouverture d’un récipient et versez l’eau doucement. Ce système améliore la qualité visuelle de l’eau, mais n’élimine pas les agents pathogènes. Il faut maintenant la purifier pour la rendre potable.
4 méthodes pour rendre son eau potable
Différentes méthodes permettent de traiter l’eau efficacement pour la rendre propre à la consommation. Chacune a ses avantages et ses limites. Le choix dépend du type de randonnée, de la durée et du matériel que l’on veut transporter.
#1 Ébullition
L’ébullition reste la méthode la plus simple.
Avantages :
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Efficace contre les bactéries, virus et parasites
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Ne nécessite aucun produit chimique
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Ne génère pas de déchets
Inconvénients :
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Consomme du gaz ou du bois
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Nécessite du matériel de cuisson
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Allonge le temps de traitement
Faites bouillir l’eau pendant au moins 1 minute (3 minutes au-dessus de 2000 m d’altitude). Laissez-la refroidir avant de la consommer ou de la stocker dans une gourde.
#2 Filtration mécanique (gourdes ou pailles filtrantes)
Les gourdes et pailles filtrantes utilisent une membrane poreuse qui retient les agents pathogènes. C’est une bonne méthode pour boire rapidement et sans matériel volumineux nécessaire.
Avantages :
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Efficace contre les bactéries et les protozoaires
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Utilisation simple et rapide
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Aucun goût altéré
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Réutilisable sur plusieurs centaines de litres
Inconvénients :
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Inefficace contre les virus
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Sensible au gel
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Entretien régulier nécessaire (rinçage)
Les pailles de type LifeStraw permettent de boire directement à la source. Les gourdes filtrantes sont plus pratiques pour un remplissage rapide. Certains modèles intègrent du charbon actif pour neutraliser les goûts et certains produits chimiques.
#3 Purificateurs chimiques
Ces produits en comprimés ou gouttes utilisent du chlore, du dioxyde de chlore ou de l’iode pour désinfecter l’eau. C’est une méthode à la fois compacte et efficace pour éliminer les agents pathogènes, virus compris.
Avantages :
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Très léger et compact
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Facile à utiliser
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Efficace contre virus, bactéries et parasites
- protège l’eau de la recontamination pendant plusieurs mois
Inconvénients :
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Temps d’attente entre 30 minutes et 4 heures selon les produits
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Altère parfois le goût
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Moins efficace en eau froide
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À éviter pour une utilisation quotidienne prolongée (iode)
Ajoutez la dose indiquée dans la gourde, secouez et laissez agir. Protégez l’eau de la lumière pendant l’attente. Certains produits neutralisent aussi les virus, ce qui les rend intéressants dans les zones tropicales.
#4 Traitement par UV
Les lampes UV (comme SteriPen) désactivent les micro-organismes grâce à une lumière ultraviolette. C’est une solution particulièrement efficace pour traiter rapidement son eau sans altérer le goût.
Avantages :
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Très efficace sur bactéries, virus et protozoaires
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Rapidité du traitement (environ 1 minute par litre)
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Ne modifie pas le goût de l’eau
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Très compact
Inconvénients :
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Fonctionne à l’électricité (piles ou batterie)
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Eau préalablement claire nécessaire
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Fragilité du matériel
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Coût plus élevé
Insérez la lampe dans la gourde, activez-la, puis remuez doucement l’eau pour assurer une exposition homogène. Prévoyez toujours une solution de secours (comprimés ou filtre) si les piles viennent à manquer.
En randonnée, filtrer l’eau doit être un réflexe. Le bon geste protège notre santé, préserve l’autonomie et limite l’impact sur l’environnement. En choisissant des méthodes durables, vous évitez les déchets plastiques tout en profitant pleinement de l’aventure.